Initiation au Design thinking et animation d'un atelier de co-conception pour des solutions innovantes.
Il s'agit d'un projet fictif. Notre client (SNCF/RATP) me mandate pour identifier la meilleure manière d'améliorer l'expérience du voyage en train pour ses utilisateurs.
Je ne pouvais pas commencer à vous présenter ce projet sans vous présenter nos participants.
Sans participants, il n'y pas de créativité et sans créativité, pas d'innovation.
Dans ce projet, la matière première provient essentiellement de leurs capacité à croire en eux, de lâcher prise pour libérer tout leur potentiel créatif.
Le rôle de l'organisateur n'est pas de contrôler l'atelier mais de lui donner des ailes!
L'atelier de créativité s'est déroulé en septembre 2020. La situation sanitaire a conditionné son organisation. Nous avons dû annuler les sessions à deux reprises car deux des participants initialement prévus ont été identifiés comme cas contact.
Ce n'est jamais facile de tout reprogrammer et de retrouver des participants volontaires, mais avec une grande motivation et du soutien nous avons finalement réussi a le mener à bien.
Tout d'abord, le recrutement des participants. Nous avons fonctionné en mode "guérilla". Les personnes recrutées faisaient partie de mon entourage. Nous avons eu la chance d'avoir des profils hétérogènes aussi bien au niveau de leur nationalité que de leur catégorie socio-professionnelle, ce qui a été bénéfique pour la génération d'idées. En effet, plus le groupe possède des individus différents plus les axes de réflexion sont importants et plus le rebond créatif a des chances de performer.
Les participants ont reçu en amont une invitation engageante leur définissant le but de l'atelier. Il était important qu'ils aient connaissance de la problématique de travail et qu'ils aient conscience des objectifs sous-jacents de l'atelier. L'idée était de donner envie, d'initier une énergie positive tout en délimitant le cadre de travail.
Un gros travail de réflexion a été mené pour rédiger un plan d'animation. Je devais savoir où je souhaitais les emmener, ce que je souhaitais qu'ils pensent, fassent et ressentent. Enfin, idéalement, car nous le verrons par la suite, rien de ne se déroule comme prévu. Et même si "j'adore qu'un plan se déroule sans accroc", il a fallu que je m'adapte tout au long de l'atelier mais cela en valait la peine car je dois dire que j'ai été surpris au-delà de mes espérances.
J'ai défini une organisation en 5 étapes:
- une initiation au Design thinking avec sa présentation;
- la phase "Top départ" avec un coup d'envoi et un icebreaker;
- la phase d'immersion avec le partage d'expérience des participants sur la problématique, la création de persona et de leur parcours voyageur, et enfin la définition d'une nouvelle problématique plus ciblée;
- la phase d'idéation avec un warm up, de l'idéation libre et contrainte;
- le vote et le retour sur l'expérience.
Pour plus de précisions vous trouverez juste en-dessous le plan d'animation détaillé montrant pour chacune des étapes les objectifs, le protocole, les consignes, la durée ainsi que les supports et matériels utilisés.
A travers la présentation du Design thinking, j'ai voulu montrer que cette méthode ou idéologie était un moyen d'atteindre l'innovation, de réunir les conditions de la créativité et de la collaboration. L'intérêt était de faire comprendre aux participants que ce mode de pensée allait leur permettre de résoudre les problèmes en s'intéressant aux besoins et objectifs de nos utilisateurs.
En passant par les différentes étapes et en intégrant le bon état d'esprit, leur créativité allait être plus facilement libérée.
Tout a été pensé pour optimiser le confort et la convivialité pour cet atelier. Un peu trop, peut-être. Les participants ne se sont que très peu déplacés. Ce qui n'a pas rendu la circulation de l'énergie optimale.
Sur la structure de notre atelier et son plan, il a fallu s'adapter en fonction des échanges avec les participants. Nous avons eu un coup d'envoi en deux parties: avant et après la présentation du Design thinking.
De plus, un des participants a eu un problème personnel et a dû s'absenter pendant les 30 premières minutes.
Il s'agit du coup d'envoi et de l'icebreaker. Tous les visuels (comme les règles d'or, la problématique générale) affichés en grand à la vue de tous ont été vraiment très positifs. Les participants ont pu s'y référer régulièrement, ce qui a permis d'avoir une structure et un cadre de référence pour l'atelier.
L'icebreaker "Me connais-tu?", qui était un jeu où chaque participant devait énoncer trois affirmations sur lui-même dont une vraie et deux fausses, a eu un départ difficile.
En effet, il est toujours difficile de parler de soi, même lorsque nous le faisons face à des personnes qui ne nous sont pas inconnues. Malgré ces premières marques de timidité, le jeu a parfaitement rempli son rôle. Une fois que les participants se sont lancés, cela a apporté une énergie incroyable pour l'atelier et pour la suite de la démarche.
Avec le recul, je pense maintenant que ce petit jeu a été déterminant pour l'ensemble du projet, comme la clé de voûte de l'énergie du groupe.
Elle se décline en 5 étapes:
- le partage d'expérience de nos utilisateurs sur le thème de l'expérience des voyages en train,
- la création de persona,
- les parcours voyageurs associés,
- la définition du parcours voyageur général regroupant la synthèse des données produites,
- notre nouvelle problématique.
Le partage d'expérience: Au départ, cette étape n'était pas programmée. Mais j'ai trouvé dommage de ne pas parler de l'expérience de nos participants sur le sujet. Cela a été un gain significatif parce qu'il y a eu une première projection des participants sur le problème des voyageurs. Ils ont développé leur empathie et nous avons eu un amorçage sur la problématique générale de l'atelier, ce qui a permis d'augmenter la cohésion du groupe.
La création de persona: Super étape, il y a eu une énergie incroyable, une super dynamique. Le timing initial a été totalement dépassé. J'avais prévu 15 minutes et cela a duré facilement une demi-heure. Les participants se sont facilement décentrés d'eux-mêmes. Peut-être que les moodboards que je leur ai présentés sous format papier et avec l'aide du projecteur ont été une bonne source d'inspiration. Ce qui est à noter, c'est que la création individuelle suivie de la mise en commun de leur production a créé une base pour la suite du processus de l'atelier.
Les parcours voyageurs: Cette phase a été un peu plus difficile. Les participants ont eu quelques difficultés à définir les étapes de leur parcours associées à leur persona. Nous avons réussi à résoudre ce problème avec une mise en commun et une discussion sur l'ensemble de leur parcours. J'ai pu constater que les rubriques "attentes, espoirs" et "objectifs" que j'avais réalisées étaient perçues comme similaires et cela a apporté un peu de confusion. Mais grâce à cette mise en commun, nous avons pu définir et cibler précisément les irritants de chaque parcours pour chaque persona.
La nouvelle problématique: Nous avons défini cette problématique en utilisant une projection de l'ensemble des parcours voyageurs sur un parcours général. Cette étape a également dépassé le timing, nous avons mis du temps à catégoriser les attentes, les besoins, les irritants. Cependant, les participants ont réussi à s'entendre sur une catégorisation autour de la sécurité, de l'information, du confort et de l'accompagnement. Cela nous permis de définir notre public cible et dans la continuité notre nouvelle problématique, à savoir:
Comment améliorer l'expérience de voyage des utilisateurs quotidiens du train qui rencontrent des problèmes de confort, d'information et de sécurité?
Cette phase se compose de 3 étapes:
- Le Warm-up,
- l'idéation libre,
- l'idéation contrainte.
Le Warm-up: Nous avons effectué deux activités d'entrainement qui ont été très bénéfiques pour le groupe. La première “Si j’avais des pouvoirs, je…” a forcé les participants à arrêter de penser, de s’autoévaluer et de juger leurs idées. Activité perçue comme ludique, celle-ci a initié les participants à l’improvisation créative. La deuxième, “Ceci n’est pas une casserole” a permis aux participants de penser en dehors du cadre établi en repoussant les limites de leur imagination. Ils ont également très bien compris l’intérêt du rebond créatif et devant leur réussite, la cohésion du groupe s’est encore renforcée.
L'idéation libre: Nous étions très en retard sur le timing, il a fallu accélérer cette phase d'idéation et nous recentrer sur la problématique de l'atelier. L'exercice a donc été chronométré. J'ai dû recadrer la production d'idées proposées pour qu'elle soient centrées sur nos utilisateurs cibles.
Le rebond créatif a été très bien réalisé. 4 groupes d’idées ont été ainsi développés autour de l’information, et du confort, de la sécurité et de la facilitation.
L'idéation contrainte: J'ai voulu mettre en place une matrice morphologique pour développer des idées que les participants n'auraient pas trouvé sans. Mais cela a été un échec.
Le croisement des concepts n'a pas été bien compris. Je pense que le choix des catégories et des items n'a pas été bon de ma part par rapport à la problématique générale. Donc j'ai décidé d'arrêter cette idéation contrainte au bout de 3 minutes voyant que cela ne menait à rien et risquait d'être contre-productif. J'ai relancé les participants sur des échanges de groupe sur les idées produites dans la phase précédente.
Cela a été plutôt pertinent parce que nous avons pu développer, préciser des idées comme la dématérialisation des titres de transport ou encore l'intégration d'un système d'affichage lumineux interne et externe au train.
Dernière étape de notre atelier. Nous sommes partis sur le vote de l'ensemble des idées produites, à savoir une belle trentaine.
Nous les avons regroupés et chaque participant a utilisé une fiche d'évaluation comprenant des critères comme la faisabilité, la simplicité, l'utilité ou encore la désirabilité. Ils ont sélectionné les trois idées principales qui, selon eux, répondaient au mieux à notre problématique.
Ce que l'on peut noter, c'est qu'il y a eu une certaine unanimité dans les idées sélectionnées à savoir:
- Développer un compteur de places restantes avec affichage lumineux à l’extérieur de chaque wagon, avec un système de chiffres verts ou de croix rouges quand le wagon est plein.
- Dématérialiser les titres de transports avec la création d’une base de données utilisable par les contrôleurs. (Ils sont même allés assez loin avec l'installation de caméra avec logiciel de reconnaissance faciale.)
- Installer des LED vertes et rouges au-dessus de chaque siège informant sur les places libres ou utilisées lorsque l'utilisateur rentre dans les wagons, un peu à la manière des parkings.
Pour en savoir plus, vous trouverez juste en-dessous la présentation faite au client: